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mercredi 25 janvier 2012

Mondo è stato, e mondo è (proverbio siciliano)


 
«In Sicilia si sente toccar finalmente terra. Hanno termine tutte le sfumature, gli stati nebulosi, le incertezze dell'atmosfera, e subentrano i toni assoluti, essenziali.» Quando, nel 1945, a Siracusa, la libreria Mascali pubblicava il libro Questa Sicilia di Sebastiano Aglianò, un siciliano da lungo tempo residente in Toscana, già nel paesaggio («Si sa che il mare è azzurro, ma in Sicilia è proprio azzurro, senza sottintesi ; come azzurro è il cielo e bianchissima la roccia calcarea») venivano individuati i termini di un assoluto siciliano. «C'è nella natura», affermava ancora Aglianò nel suo ritratto di vita e cultura della Sicilia che fece insorgere molti sicilianisti come sempre offesi e a loro dire vilipesi, «una chiarezza che sconvolge, come quando, agitati da ansie indefinite, vi incontrate con una persona che ha conquistato una sua sicurezza». E poche righe più avanti, il lettore veniva invitato a un esperimento : «Chiudete per un momento i vostri occhi e non vedrete più nulla, assolutamente nulla, neanche a scavar profondo nella vostra mente ; apriteli e vi accorgerete che l'universo è sopra di voi, implacabile».

La Sicilia come luogo dove toccare terra e scoprire non le risposte, ma le domande immutabili e spietate della vita. La Sicilia come luogo dell'assoluto. E il paesaggio, perfino il paesaggio, diventa «il peggior tiranno dell'uomo». Sembra di risentire il principe di Salina : «Questo paesaggio che ignora le vie di mezzo fra la mollezza lasciva e l'arsura dannata, che non è mai meschino, terra terra, distensivo come dovrebbe essere un paesaggio fatto per la dimora di esseri razionali». Lo stesso malinconico e terribile panorama che si offre agli occhi di Chevalley di Monterzuolo, il piemontese appena sbarcato in Sicilia : «Guardò : dinanzi a lui, sotto la luce di cenere, il paesaggio sobbalzava, irredimibile». Senza speranza, quindi, come solo l'assoluto può essere. Se, come diceva Borges, il labirinto perfetto è il deserto, l'assoluto è la prigione da cui è impossibile evadere.

C'è molto fatalismo – o meglio, dell'alibi del fatalismo siciliano – in queste pagine, in queste parole. Quasi la ragione di destini segnati, di esistenze gi scritte. Irredimibile il paesaggio, irredimibili le figure che lo popolano. E ogni scarto o avventura può essere dettato solo dal caso, dall'imprevisto, dalla fatalità che è poi soltanto un modo diverso di chiamare il destino. Eppure così non è, né per i siciliani né per nessun altro. E l'idea che le cose vadano sempre come devono andare (idea che pure è radicata, che pure può trovare conferme) dimostra semmai quanto più faticoso e drammatico sia il percorso di quanti scelgono di scommettere, di tentare, di sottrarsi al gioco del Fato, al capriccio del Caos.


Gaetano Savatteri I Siciliani, Editori Laterza, 2006





"Ainsi allait le monde, et ainsi il va" (proverbe sicilien)


«En Sicile, on sent qu'enfin on touche terre. C'est la fin des nuances, des états nébuleux, des incertitudes du climat, remplacés par les tonalités absolues, essentielles.» Lorsque, en 1945, à Syracuse, les éditions Mascali publièrent Cette Sicile, le livre de Sebastiano Aglianò, un Sicilien vivant depuis longtemps en Toscane, les caractéristiques d'un absolu sicilien étaient identifiées dans le paysage lui-même : «On sait que la mer est bleue, mais en Sicile, elle est vraiment bleue, sans demi-mesures ; comme le ciel lui aussi est bleu et les roches calcaires absolument blanches.» «Il y a dans la nature», affirmait encore Aglianò dans sa description de la vie et de la culture en Sicile qui indigna tant de «sicilianistes», comme toujours prompts à se sentir offensés et même outragés, «une limpidité qui bouleverse, comme quand on rencontre une personne qui a enfin atteint la sérénité alors que l'on est soi-même en proie à d'indéfinies angoisses.» Et dans les lignes précédentes, le lecteur se voyait proposer une expérience : «Fermez quelques instants les yeux et vous ne verrez plus rien, même pas si vous cherchez à creuser profondément dans votre esprit ; ouvrez-les, et vous vous apercevrez que l'univers est toujours au-dessus de vous, implacable.»

La Sicile comme lieu où l'on peut toucher terre et découvrir, non pas les réponses, mais les questions immuables et impitoyables de la vie. La Sicile comme lieu de l'absolu. Et le paysage lui-même devient «la pire des tyrannies pour l'homme». On a l'impression de réentendre le prince de Salina : «Ce paysage qui ignore les solutions intermédiaires entre la mollesse lascive et la brûlure infernale ; qui n'est jamais médiocre, terre à terre, apaisant comme devrait l'être un pays habité par des êtres rationnels.» C'est le même panorama mélancolique et terrible qui s'offre aux yeux de Chevalley de Monterzuolo, le piémontais fraîchement débarqué en Sicile : «Il regarda : devant lui, sous la lumière de cendre, le paysage cahotait, sans rachat.» Sans espérance, donc, comme seul l'absolu peut l'être. Si, comme le disait Borges, le désert est le labyrinthe parfait, l'absolu est la prison dont il est impossible de s'évader.




Il y a beaucoup de fatalisme – ou plutôt, de l'alibi du fatalisme sicilien – dans ces pages et dans ces paroles. Il y est question de destins figés, d'existences déjà écrites. Le paysage est sans rachat, et sans rachat sont les êtres qui le peuplent. Et tout écart, toute aventure ne peuvent être que le fruit du hasard, de l'imprévu, de la fatalité qui n'est en fait qu'une autre façon de désigner le destin. Et pourtant, les choses ne sont pas ainsi, ni pour les Siciliens, ni pour personne d'autre. Et l'idée que les choses suivent immuablement leur cours (idée bien enracinée, et qui peut même se voir parfois confirmée), démontre en fait combien peut être difficile et périlleux le chemin de ceux qui choisissent de parier, de risquer, de se soustraire au jeu du Destin, au caprice du Chaos .

(Traduction personnelle)

Lire Savatteri en français : La Conjuration des loquaces



1 commentaire:

  1. "Des coupoles émaciées, aux courbes incertaines, pareilles à des seins vidés de leur lait, se dressaient encore plus haut, mais c'étaient ces couvents qui conféraient à la ville son air sombre et son caractère, son décorum joint au sentiment de mort que même la frénétique lumière sicilienne ne parvenait jamais à dissiper.
    A cette heure là, en outre, la nuit presque tombée, ils devenaient les despotes du panorama
    Et c'était contre eux, en réalité, que les feux sur les montagnes étaient allumés, attisés d'ailleurs par des hommes entièrement semblables à ceux qui vivaient dans les couvents, tout aussi fanatiques, tout aussi fermés, tout aussi avides de pouvoir, c'est à dire, comme de coutume, d'oisiveté..."
    Je vous souhaite, à vous aussi, un jour,d'avoir été les despotes du panorama

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