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mercredi 10 février 2010

Ibant obscuri




Ibant obscuri sola sub nocte per umbram
perque domos Ditis vacuas et inania regna :
quale per incertam lunam sub luce maligna
est iter in silvis, ubi caelum condidit umbra
Iuppiter, et rebus nox abstulit atra colorem.
Vestibulum ante ipsum primis in faucibus Orci
Luctus et ultrices posuerunt cubilia Curae ;
pallentesque habitant Morbi tristisque Senectus
et Metus et malesuada Fames ac turpis Egestas,
terribiles visu formae, Letumque Laborque ;
Tum consanguineus Leti Sopor et mala mentis
Gaudia mortiferumque adverso in limine Bellum,
ferreique Eumenidum thalami et Discordia demens
vipereum crinem vittis innexa cruentis.

Virgile Enéide, VI, 268 - 281

Era l'andare, dalla notte solinga
Avvilupati di oscurità
Per gli antri vacui, le smateriate
Dominazioni, a Dite. Similmente
Va il viaggiatore per luoghi silvestri
Dove stenta velato un raggio scarno
Di luna quando la divina ombra
Abbia sepolto il mondo e i suoi colori
Nel nulla della caligine notturna.
Là, sull'entrata dove le sue gole
Orco spalanca ebbero dimora
I Lutti, le Vendette smaniose,
I giallognoli Morbi, la Vecchiaia turpe,
I Terrori. E con loro la Fame
Che atrocità persuade, la Privazione abbietta,
La Morte e l'Agonia facce tremende,
Il Sonno quasi già Morte, il Godimento
Che stravolge la mente hanno la tana.
La ferrea stanza posero le Erine
E la Guerra che irradia morte
Sul varco opposto ; da sanguinose
Bende stretti i serpenti della chioma
La Discordia delira

Traduction : Guido Ceronetti (Trafitture di tenerezza, ed. Einaudi)





Ils allaient obscurs sous la nuit solitaire parmi l'ombre, à travers les palais vides de Dis et son royaume d'apparences ; ainsi par une lune incertaine, sous une clarté douteuse, on chemine dans les bois quand Jupiter a enfoui le ciel dans l'ombre et que la nuit noire a décoloré les choses. Avant la cour elle-même, dans les premiers passages de l'Orcus, les Deuils et les Soucis vengeurs ont installé leur lit ; les pâles Maladies y habitent et la triste Vieillesse, et la Peur, et la Faim, mauvaise conseillère, et l'affreuse Misère, larves terribles à voir, et le Trépas et la Peine ; puis le Sommeil frère du trépas et les Mauvaises Joies de l'âme, la Guerre qui tue l'homme, en face sur le seuil, et les loges de fer des Euménides, la Discorde en délire, sa chevelure de vipères nouée de bandeaux sanglants.

Traduction : Jacques Perret (Enéide, édition Folio)

Images : en haut : J.M.W. Turner, Le lac d'Averne, Enée et la sibylle de Cumes (Yale Center for British Art)

en bas : Jean-Paul Marcheschi, Dante et Virgile, Fonds Marcheschi, Château de Plieux

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