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mardi 25 septembre 2012

Ma mi (Mais moi)




Ma mi est une chanson écrite en dialecte milanais par Giorgio Strehler en 1959 (musique de Fiorenzo Carpi). Elle est interprétée ici par Ornella Vanoni. On retrouve dans cette chanson l'influence de Brecht (et de Kurt Weill), que Strehler a souvent mis en scène dans ces mêmes années au Piccolo Teatro.



Serom in quatter col Padola,
el Rodolfo, el Gaina e poeu mi :
quatter amis, quatter malnatt,
vegnu su insemma compagn di gatt.
Emm fa la guera in Albania,
poeu su in montagna a ciapà i ratt :
negher Todesch del la Wehrmacht,
mi fan morire domaa a pensagh !
Poeu m’hann cataa in d’una imboscada :
pugnn e pesciad e ’na fusilada...
 
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
A San Vittur a ciapaa i bott,
dormì de can, pien de malann !...
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
sbattuu de su, sbattuu de giò :
mi sont de quei che parlen no!
 
El Commissari ’na mattina
el me manda a ciamà lì per lì :
"Noi siamo qui, non sente alcun-
el me diseva ’sto brutt terron !
El me diseva - i tuoi compari
nui li pigliasse senza di te...
ma se parlasse ti firmo accà
il tuo congedo : la libertà !
Fesso sì tu se resti contento
d’essere solo chiuso qua ddentro..."
 
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
A San Vittur a ciapaa i bott,
dormì de can, pien de malann !...
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
sbattuu de su, sbattuu de giò :
mi sont de quei che parlen no !
 
Sont saraa su in ’sta ratera
piena de nebbia, de fregg e de scur,
sotta a ’sti mur passen i tramm,
frecass e vita del ma Milan...
El coeur se streng, venn giò la sira,
me senti mal, e stoo minga in pee,
cucciaa in sul lett in d’on canton
me par de vess propri nissun !
L’è pegg che in guera staa su la tera :
la libertà la var ’na spiada !
 
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
A San Vittur a ciapaa i bott,
dormì de can, pien de malann !...
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
sbattuu de su, sbattuu de giò :
mi sont de quei che parlen no !

 
 


On était quatre : Padula,
Rodollfo, Gaina et moi :

quatre amis, quatre misérables

grandis ensemble, comme une portée de chats.

On a fait la guerre en Albanie,

puis dans la montagne à chasser les rats :

les boches en noir de la Wehrmacht,

j’ai envie de mourir rien qu’en y repensant !

Et puis, je suis tombé dans un traquenard :

coups de pieds, coups de poings, coups de fusil...


Mais moi, mais moi, mais moi,

quarante jours, quarante nuits

à prendre des coups à San Vittore,

sans fermer l’œil, en souffrant de partout !

Mais moi, mais moi, mais moi,

quarante jours, quarante nuits,

ils peuvent bien me cogner :

moi, je suis de ceux qui ne parlent pas !


Un matin, le Commissaire
m’envoie chercher
et ce salopard me dit :

«On est entre nous, personne ne nous entend

de toute façon, tes copains, on va les choper,

même sans ton aide...

mais si tu parles, je signe tout de suite
ton billet de sortie : tu seras libre !

Tu es bien bête de te contenter

de rester bouclé ici, seul comme un chien...»


Mais moi, mais moi, mais moi...

... moi, je suis de ceux qui ne parlent pas !
 
Je suis coincé dans ce trou à rats
humide, sombre et glacé,
de l’autre côté des murs passent les trams
,
le bruit, la vie de Milan, ma ville...

J’ai le cœur qui se serre quand le soir descend

j’ai mal et je me retourne dans ce lit miteux
, 
j’ai l’impression d’être moins que rien !
La vie, c’est pire que la guerre :

pour être libre, il faut moucharder !
 
Mais moi, mais moi, mais moi....
... moi, je suis de ceux qui ne parlent pas !

 
(Traduction personnelle)





 
Image : Carcere di San Vittore, Milano (Source) 

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