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lundi 11 février 2013

Un incontro (Une rencontre)




Un nouvel extrait du Diario (Journal) de Piero Santi, où il est question d'une rencontre nocturne avec un "Lacombe Lucien" transalpin :

[10 DICEMBRE 1944 (DOMENICA)] Una sera, stavo seduto su una panchina di Piazza Santa Maria Novella aspettando l’ora di andare a letto. Ero solo e in un triste stato d’animo. Di fronte a me un gruppo di gente, indistinto nell’oscurità, attendeva gli ultimi tram. Ad un tratto qualcuno si stacca dal gruppo e siede accanto a me : riconosco, alla divisa, un milite della "Muti". Era molto giovane, il basco lasciava scoperta gran parte della testa, gli occhi erano incavati, come quelli di molti ragazzi fiorentini. Io stavo fumando, dietro a certi miei pensieri, quando ad un tratto sentii che l’altro mi guardava. Sentii il suo sguardo prima ancora di vederlo addosso a me : mi voltai appena e vidi il ragazzo guardarmi avidamente, con une sguardo che tentava di render serio e quasi duro mentre gli occhi, oltre quello, erano tenui, di una delicatezza femminile. Fra noi vi era tutto il silenzio della notte calda d’estate : ed ora cresceva quel silenzioso imbarazzo. Quando ad un tratto disse : «Sono rimasto senza sigarette, potete darmene una ?» E dopo un attimo di silenzio, come per un pensiero non tanto sopraggiunto quanto ripreso dopo una iniziale incertezza, aggiunse : «Ve la pago, naturalmente». 

Gli detti la cigaretta protestando di non volere i pochi centesimi, finché, convinto, il ragazzo cominciò a fumare. Sembrò aver necessità di parole e mi disse di esser fiorentino, di chiamarsi Silvano e di avere diciassette anni «non ancora compiuti». Io, che in certi casi non so usare la prudenza, quasi crudelmente gli chiesi : «Perché sei nella “Muti” ? Non hai genitori ?». «Sono solo – mi rispose aggressivamente – l’officina dove lavoravo è stata chiusa. Avevo fame». «E non avevi altra via d’uscita ?». «Avevo fame e non sapevo che fare. Una sera lessi un cartello : "Arruolatevi nell’Ettore Muti". Andai ad arruolarmi. Avevo i vestiti a pezzi». 

Io ero preso, ormai, dall’interesse verso di lui e solo più tardi pensai a ciò che era dietro a quelle parole : una triste debolezza morale ; e proprio per questo, ora, le riporto qui, quasi precise alle sue tanto mi risuonano nella memoria. Ma allora mi colpì la sua povera umanità di ragazzo : era lontano il basco che Silvano si era tolto mettendolo accanto a sé sulla panchina ; mi era vicino soltanto un fratello di carne. Gli dissi ad un tratto : «Perché non lasci il battaglione ? Perché non vai con i tuoi veri compagni, nei boschi ?» Ancora una volta fui imprudente, ma in quel momento non pensavo a prudenza o imprudenza, tanto mi sembravo chiaro che il ragazzo era semplicemente un ragazzo. Silvano mi guardò, rise un po’ volgarmente e disse : «Domani ci danno le divise nuove perché dobbiamo partire per il Nord. Io prendo le divise e mi nascondo in casa di un mio amico. Credete sia un fesso ? Nel Nord ci devono andare quei musi di coniglio degli ufficiali che ci dicon sempre che è bello morire. Io a morire non ci voglio andare. Intanto, fino a oggi ho riscosso lo stipendio e mi son divertito». 

Ho riportato questo episodio che può apparire insignificante e senza una conclusione, perché penso che lo stato d’animo di Silvano sia stato quello di altri giovani. Se avessi voluto fare un racconto di propaganda avrei dovuto riscattare Silvano e farlo andare alla macchia con i patriotti ; ma io ho semplicemente raccontato un fatto vero con un personaggio vero : Silvano non aveva nessuna voglia di andare alla macchia come non voleva andare a combattere per la repubblica fascista : voleva solo, egoisticamente, vivere ; perché nessuno gli aveva fatto mai capire, senza retorica, con crudezza, che cos’era il bene e che cos’era il male ; ed egli credeva che bisognasse sopratutto, salvare la propria vita. Obbediva, cieco, a quello istinto animale ; il resto era mistero. 

Riprenderò forse un altro giorno a parlare di quei mesi estivi e di altri personaggi ; ormai sono stanco ; non so più quello che ho scritto e se tutte queste parole avranno un senso.

Piero Santi  Diario (1943-1946)  Ed. Neri Pozza, Venezia, 1950







[10 DECEMBRE 1944 (DIMANCHE)] Un soir, j’étais assis sur un banc de la place Santa Maria Novella, en attendant l’heure d’aller me coucher. J’étais seul et triste. Devant moi, quelques personnes, à peine des silhouettes dans l’obscurité, attendaient les derniers tramways. Soudain, quelqu’un se détache du groupe et vient s’asseoir à côté de moi. Je reconnais à son uniforme un milicien de la brigade Ettore Muti. Il était très jeune, le béret laissait en grande partie sa tête découverte, les yeux étaient enfoncés, comme ceux de nombreux garçons florentins. Je fumais, perdu dans mes pensées, quand tout à coup, je m’aperçus que l’autre me regardait. Je sentis son regard avant de le voir fixé sur moi : je me retournai un peu et je vis le garçon me fixer avidement, d’un regard qu’il s’efforçait de rendre sérieux et presque dur, alors que les yeux étaient au fond tendres, d’une délicatesse féminine. Entre nous régnait tout le silence d’une chaude nuit d’été, et maintenant cet embarras silencieux grandissait. Tout à coup, il dit : «Je n’ai plus de cigarettes, vous pouvez m’en donner une ?» Et après un moment de silence, non pas pour compléter sa pensée, mais plutôt pour reprendre ce qu’il avait d’abord hésité à formuler, il ajouta : «Bien  sûr, je vous la paie.». 

Je lui donnai une cigarette en insistant pour la lui offrir, jusqu’à ce qu’il se laisse convaincre et commence à fumer. Il semblait avoir besoin de parler et il me dit qu’il était florentin, qu’il s’appelait Silvano et qu’il n’avait «pas encore» dix-sept ans. Moi qui dans bien des cas suis incapable de faire preuve de prudence, je lui demandai presque cruellement : «Pourquoi es-tu dans la "Muti" ? Tu n’as pas de parents ?» «Je suis seul, me répondit-il de façon agressive, l’usine où je travaillais a fermé. J’avais faim.» «Et tu n’avais pas d’autre solution ?» «J’avais faim et je ne savais pas quoi faire, un soir, j’ai vu sur une affiche : "Rejoignez la brigade Ettore Muti". Je me suis engagé. J’avais des habits tout déchirés.»

Désormais, son récit retenait toute mon attention, et ce n’est que plus tard que je réfléchis à ce qui se cachait derrière ces paroles : une triste faiblesse morale ; c’est la raison pour laquelle je les rapporte ici, presque mot pour mot tant elles résonnent encore dans ma mémoire. Mais sur le moment, je fus frappé par sa pauvre humanité de garçon : j’avais oublié le béret que Silvano avait enlevé et posé à côté de lui sur le banc ; je n’avais près de moi qu’un frère de sang. Je lui dis brusquement : «Pourquoi tu ne désertes pas ? Tu devrais plutôt rejoindre tes vrais camarades dans le maquis !» Je me montrai encore une fois imprudent, mais sur le moment, ces questions de prudence m’étaient étrangères, tant il me semblait évident que ce garçon n’était justement qu’un garçon. Silvano me regarda, il rit de façon un peu vulgaire et dit : «Demain, ils nous donnent des uniformes neufs parce que nous devons partir pour le Nord. Je prends les uniformes et je vais me cacher dans la maison d’un ami. Vous croyez que je suis bête ? Dans le Nord, ils n’ont qu’à y aller ces poules mouillées d’officiers qui nous disent tout le temps que c’est beau de mourir. Moi, je n’ai aucune envie de mourir. En attendant, jusqu’à aujourd’hui, j’ai touché ma solde et j’en ai bien profité !» 

J’ai rapporté cet épisode qui peut paraître insignifiant et peu concluant parce que je pense que l’état d’esprit de Silvano a été aussi celui d’autres jeunes gens. Si j’avais voulu faire un récit de propagande, j’aurais dû racheter Silvano en lui faisant rejoindre les patriotes dans le maquis ; mais j’ai simplement voulu raconter une histoire vraie avec un vrai personnage : Silvano n’avait aucune envie d’aller dans le maquis, comme il n’avait également aucune envie de se battre pour la république fasciste. Il voulait seulement vivre, égoïstement, parce que personne ne lui avait jamais appris, avec rigueur, sans aucune rhétorique, ce qu’était le bien et ce qu’était le mal ; pour lui, la seule chose qui comptait était de sauver sa peau. Il obéissait aveuglement à cet instinct animal : tout le reste était mystère. 

Je reparlerai peut-être une autre fois de ces mois d’été et d’autres personnages ; maintenant je suis fatigué ; je ne sais même plus ce que j’ai écrit et si tous ces mots peuvent avoir un sens. 

(Traduction personnelle









Images : en haut, Mark  (Site Flickr)

en bas, Dan  (Site Flickr)



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