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lundi 24 mars 2014

La Dolce Vita




Deux anecdotes concernant Anita Ekberg, racontées par Dino Risi dans son recueil de souvenirs intitulé I miei mostri  (Mes monstres) :

 « Tu non è eroe »

A Roma Anita Ekberg aveva affittato una bella villa su un colle, con un prato che scendeva a picco su una piscina di piastrelle nere. Due cani dobermann, maschio e femmina, le facevano buona guardia. Un autista, un cuoco e una cameriera di colore completavano la « famiglia ». Un giorno facemmo una gita in mare, col suo grosso motoscafo che lei guidava spericolatamente. (...)

Tornammo alla villa per il tè. Dopo poco entrò senza suonare un bell’uomo sui quaranta, alto, atletico, in maglietta e jeans e una sacca da marinaio in mano. Baciò sulle guance Anita che me lo presentò : « Moi marito ». Era un attore americano abbastanza noto anche in Italia. Andò al bar, si versò un bicchierone di whisky, aggiunse del ghiaccio, buttò giù una lunga sorsata, e si guardò intorno. Cominciò, con metodo, a far razzia di argenti : piatti, portacenere, cornici di fotografie, che man mano buttava in quella sacca di marinaio. Andò in sala da pranzo, sentimmo rumore di piatti e posate. Anita gli gridò, in inglese : « Non importa ! ». Si allontanò verso la camera da letto, quando tornò la sacca era quasi piena.

Anita aveva le lacrime agli occhi. Lui finì il suo whisky. Diede un bacio sulle due guance alla moglie, a me non mi guardò nemmeno, se ne andò. I cani non abbaiarono, lo conoscevano. Apparve la cameriera di colore. Piangeva. Disse ad Anita : « Tu conosce ? ». Anita fece sì con la testa. Poi mi guardò. Con tenerezza mista a pena. Buttò giù un sorso di tè, e sempre guardandomi disse : « Tu non è eroe, eh ? ».

Io non sapevo che rispondere. Alla fine dissi : « No ». La mia storia con lei era finita.


Amarcord

Sul set della Dolce vita, disse Anita a Marcello che le aveva chiesto un favore : « Io non è interessata in pompetto ».

Dino Risi  I miei mostri  Mondadori Editore, 2004





« Toi es pas héros »

À Rome, Anita Ekberg avait loué une belle villa sur une colline, avec une prairie qui descendait à pic jusqu’à une piscine carrelée de noir. Deux dobermans, un mâle et une femelle, faisaient bonne garde. Un chauffeur, un cuisinier et une femme de chambre de couleur complétaient la « famille ». Un jour, nous fîmes une excursion en mer, à bord de son gros bateau à moteur qu’elle pilotait de manière plus que téméraire. (...)

Nous regagnâmes la villa pour le thé. Bientôt, un bel homme d’une quarantaine d’années, grand, athlétique, en jean et en chandail, avec un sac de marin à la main, entra sans sonner. Il embrassa sur les deux joues Anita qui me le présenta : « Mon mari. » C’était un acteur américain assez connu, même en Italie. Il se dirigea vers le bar, se versa un grand verre de whisky, ajouta quelques glaçons, avala une longue gorgée et regarda autour de lui. Puis il commença, méthodiquement, à prendre tout ce qui était en argent : plats, cendriers, cadres de photographies, qu’il fourrait les uns après les autres dans son sac de marin. Il passa dans la salle à manger, nous entendîmes des bruits de vaisselle et de couverts. Anita lui cria, en anglais : « Les couverts ne sont pas à moi ! » Il répondit : « Aucune importance ! » Il partit en direction de la chambre à coucher et quand il revint le sac était presque plein.

Anita avait les larmes aux yeux. Il finit son whisky. Il embrassa de nouveau sa femme, sur les deux joues, il ne me regarda même pas et il repartit. Les chiens n’aboyèrent pas. Ils le connaissaient. La femme de chambre de couleur apparut. Elle pleurait. Elle demanda à Anita : « Tu connais ? » Anita fit oui de la tête. Puis elle me regarda. Avec une tendresse mêlée de chagrin. Elle avala une gorgée de thé et sans me quitter des yeux, elle dit : « Toi es pas héros, hein ? »

Je ne savais pas quoi répondre. J’ai fini par dire : « Non. » Notre histoire était finie.


Amarcord

Sur le plateau de La Dolce Vita, Anita dit à Marcello qui lui avait demandé une petite faveur : « Je suis pas intéressée par le pompier. »

Dino Risi  Mes monstres  Editions de Fallois / L'Âge d'Homme  (Traduction : Béatrice Vierne)













4 commentaires:

  1. Dure, cette anecdote... Anita Ekberg, une si belle femme et si bonne actrice, s'est toujours choisi des compagnons ratés. Ici, Dino Risi ne lève pas le petit doigt pour l'empêcher d'être humiliée. Oui, "pas un héros"... mais un homme lucide et sincère dans ce livre parfois si cruel.
    Revoir les photos du film de Fellini La Dolce Vita : quelle beauté... Fellini savait filmait les femmes, la fêlure des êtres. M.Mastrioni y est grandiose.
    Dino Risi, dans ce livre de souvenirs, sait bien parler de ces hommes de ces femmes qui nous ont fait rêver mais ces portraits sont souvent désabusés. L'autre côté de la vie quand les projecteurs sont éteints.... Ah, ces années du cinéma italien (60-70)... Nostalgie.

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  2. Comment va-t-elle? j'ai lu il y a quelques temps qu'elle était en train de mourir dans la misère (à l'hôpital? Je ne sais plus, j'ai peur dans rajouter dans le misérabilisme).

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    1. Oui, sa fin de vie semble très triste, comme le montrait un article du "Corriere della sera" que j'avais cité ici il y a quelque temps. Voici le lien.

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