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mercredi 19 novembre 2014

La sera della vita (Le soir de la vie)




C'era un vecchietto in una chiesa vuota,
che diceva tra sé questa preghiera :
"O Vergine dal cuore immacolato,
della mia vita sono giunto a sera ;
fa' che non smarrisca la mia via,
non mi lasciare nella notte nera !
Della mia vita sono giunto a sera
e non ho più che Te, dolce Maria !
Coprimi col tuo manto, e così sia."

Paola Cannas  Respiri e sospiri  Felici Editore, 2013


Il y avait un vieillard dans une église vide,
qui disait tout bas cette prière :
Vierge au cœur immaculé,
me voici arrivé au soir de ma vie ;
fais que je ne me perde pas en chemin,
ne m'abandonne pas dans la nuit noire !
Me voici arrivé au soir de ma vie
et je n'ai plus que Toi, douce Marie !
Couvre-moi de ton manteau, et ainsi soit-il."

(Traduction personnelle)






Images : en haut, Site Flickr

en bas, Renzo Dionigi  (Site Flickr)




"La Vergine degli Angeli vi copra del suo manto,
e voi protegga vigile di Dio l'Angelo santo."

"Que la Vierge des Anges vous couvre de son manteau,
et que le saint Ange de Dieu, vigilant, vous protège."

G. Verdi  La Forza del destino, Acte II, scène dix



(...)

4 commentaires:

  1. "Son visage et le tien" Alexis Jenni
    "Voir nécessite du recul, du champ, de la distance ; et si je m'approche vraiment de toi, voir ne me sert plus à rien. Tout se déforme, se décale, ton merveilleux visage disparaît, ne te ressemble plus et pourtant tu es là, toute proche, et c'est à ce moment-là que tout se passe, bien plus que que lorsque je te regardais d'un peu loin. De loin j'étais émerveillé, et de près je t'aime, et seulement à cette distance-là je t'aime, et cet amour me dit ce que tu es, et m'apprend qui nous sommes
    (...)
    J'aime ton corps parce qu'il est tien, parce qu'il est le seul lieu de ta présence en ce monde, parce que là où tu es je me trouve bien... Ce tout petit lieu immense est parcouru des récits de nos gestes, il résonne de toutes les paroles dites et non dites que nous échangeons, c'est là, dans cette toute petite part d'un univers trop grand que nous avons lieu (...)
    La vie éternelle et sa lumière résident dans l'espace infiniment plein qui relie son visage et le tien..."

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  2. J'aime beaucoup ce livre. Il donne à s'interroger sur notre attente et notre vision de Dieu, de la Vierge, de l'après-mort.
    Il ajoute une autre idée, tout aussi intéressante et qui peut coller à ces magnifiques représentations de la Vierge et de son manteau :
    "... entre ton visage et le sien est la place pour tous les visages apparus depuis le début des temps, les tout proches juste derrière le tien qui est le proximal, les proches ensuite, puis les à-côté et les plus lointains, les très lointains, les distants, tous, tous les visages de l'humanité de proche en proche, jusqu'au sien qui est au bout, le sien, le distal, qui transparait à travers tous, et qui est constitué par cette transparence générale. Cette forme lumineuse est un visage car tous les visages se ressemblent, et superposés ils forment encore un visage qui rayonne d'un sourire flottant, très doux, et ils accueille tous ceux qui s'en approchent."
    Le poème de Paola Cannas y puise aussi son voyage.

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    1. En effet, ces citations sont fort intéressantes, et la dernière phrase est tout à fait en accord avec ce poème. L'histoire de la publication de l'unique recueil de poèmes de Paola Cannas mérite d'être contée : un jour de l'année 2012, cette dame de quatre-vingt-quatre ans a fait lire à son fils écrivain (Marco Vichi) un cahier de poésies qu'elle avait écrites depuis sa jeunesse, sans jamais les montrer à personne. Le fils en a été si frappé qu'il a aussitôt cherché un éditeur, et en a trouvé très rapidement un. L'ouvrage est paru en mars 2013, mais Paola Cannas est morte quelques jours avant de le voir édité, et c'est son fils qui s'est occupé de la promotion du livre. J'aime beaucoup la simplicité de ces poésies, directes et merveilleusement évocatrices, toujours justes dans le ton et très émouvantes. Il y est beaucoup question de la Sardaigne, la terre natale de Paola, mais aussi de la Toscane où elle a passé la plus grande part de sa vie. Ma préférée est celle-ci (Gli Amici / Les Amis), où il est question des morts, avec ce vers final si simple et si beau : "Douce est la compagnie de ceux qui ne sont plus pressés"....

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  3. Quelle belle transmission entre la mère et le fils...
    La poésie ? cette absence de temps, sa suspension, son abolition, un rai de lumière comme dans ses poèmes. Cette vieille dame n'était pas pressée. Elle a donné sa plume à l'heure où les oiseaux migrateurs s'envolent à un qui était sa confiance. C'est très beau et simple comme son écriture. Une tâche transmise au bon moment. Et le fils regardant tout ce silence de mots s'est senti responsable de ce don fragile. L'écriture n'est pas un lien immédiat au monde.. Elle dut alors se sentir légère, heureuse, tranquille.

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