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mardi 23 décembre 2014

Vespro di Natale (Soir de Noël)




Un poème de Sebastiano Satta, où trois bandits sardes rejoignent leur refuge dans les montagnes un soir de Noël en ayant au cœur la nostalgie de la fête à laquelle ils ne pourront pas participer. Je cite après le poème l'un des chants de Noël les plus populaires en Sardaigne, Naschìd' est [Il est né] ; c'est une façon de souhaiter de très bonnes fêtes de Noël à tous les visiteurs de ce blog !


Incappucciati, foschi a passo lento 
tre banditi ascendevano la strada 
deserta e grigia, tra la selva rada 
dei sughereti, sotto il ciel d’argento. 

Non rumori di mandre o voci il vento 
agitava per l’algida contrada. 
Vasto silenzio. In fondo, Monte Spada 
ridea bianco nel vespro sonnolento. 

O vespro di Natale ! Dentro il core  
ai banditi piangea la nostalgia 
di te, pur senza udirne le campane : 

e mesti eran, pensando al buon odore 
del porchetto e del vino, e all’allegria 
del ceppo, nelle loro case lontane.

Sebastiano Satta  Canti barbaricini, 1910 






Encapuchonnés, sombres, à pas lents
trois bandits montaient sur le sentier
désert et gris, dans la forêt clairsemée
des chênes-lièges, sous le ciel d'argent.

Aucun bruit de troupeaux ou de voix n'était
porté par le vent dans la contrée glacée.
Vaste silence. Au fond, dans sa blancheur,
le Mont Spada resplendissait dans le soir somnolent.

Ô soir de Noël ! Dans leur cœur
les bandits pleuraient de nostalgie
pour toi, même sans entendre les cloches :

et ils étaient tristes, en pensant au fumet
du rôti et du vin, et à la joie
de la bûche, dans leurs maisons lointaines.

(Traduction personnelle)








Images : en haut, Site Flickr

au centre, Roberto Defraia  (Site Flickr)

en bas, Cristiano Cani  (Site Flickr





Naschìd’ est in sa capanna
poberitta de Betlem
in sa notte pìus manna
de su chelu s'altu Re !

“Gloria! Gloria!” cantan’ in chelu
lughidos anghelos pro s' altu Re ;
"Paghe vittoria!" s' as bonu zelu,
anima povera, cantan pro te.

E in giru a sa domitta
de anghelos si falat
una truma beneitta
chi olende s'allumat.

E benian sos pastores
Incantados crè no crè
e a cussos isplendores
appuntan lestros su pè.

E narat dognunu in coro :
“Bambineddu, innoghe sò,
non ti atto pratta et oro
ma cust’ anima ti dò.”

Il est né dans cette étable
pauvre de Bethléem
dans la plus grande des nuits
le grand Roi du Ciel !

Gloire ! Gloire ! chantent dans le Ciel
les anges éblouissants pour le plus grand des Rois,
"Paix et victoire" aux hommes de bonne volonté,
petite âme, ils chantent pour Toi.

Et autour de l'étable
Une multitude d'anges
Volaient en l'illuminant.

Et venaient les bergers
Enchantés et incrédules
Et devant tant de splendeur,
ils pressaient le pas.

Et chacun d'eux se joignait au chœur en disant :
"Doux enfant, me voici,
je ne t'apporte ni or ni argent
mais je t'offre mon âme."

(Traduction personnelle)

1 commentaire:

  1. Petit cortège des santons, au son des fifres et des tambourins. C'est la nuit lumineuse. Une crèche assez grande pour les accueillir ainsi que tous les exclus, les isolés, les paumés. Chacun de nous devient un petit santon en marche. Un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.
    S'approcher de la crèche dans la nuit de nos doutes et de nos peurs. Admirable échange..
    Ces trois bandits sardes, dans le froid et la nuit, un soir de noël. Fragilité d'un souvenir qui tremble comme une flamme dans leur mémoire.
    Secret de noël : une infinie tendresse...

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